Nous séjournions dans l'île de Raïatea depuis quelque temps quand Pierre, un ami de la famille nous proposa une sortie "pêche au gros" sur son potimarara.
Précisons qu'un mahi-mahi est une dorade coryphène (poisson de pleine mer pouvant atteindre les 40 kgs) et qu'un potimarara est un bateau typiquement Tahitien permettant de pêcher les poissons volants (les mararas) et de poursuivre les mahi-mahi (prononcer meï-meï ou maï-maï) pour les harponer à la foëne. Les pêcheurs professionnels n'hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres seuls dans le pacifique sur ces unités de 7,50m maximum.
Le bateau de Pierre est plus petit que cela et nous resterons raisonnablement à une distance d'environ 5 milles de la barrière de corail.
Voici une vue de la barrière et de l'océan depuis une hauteur. On distingue une passe naturelle entre les deux motus (petits ilots).
Premiére sortie, sur un lagon d'huile pendant dix minutes puis la passe et enfin l'océan. Je suis impatient car mes quelques expériences de pêche à la traine ne m'ont rapportées que quelques bonites et maqueraux il y a plus de dix ans... J'espère avoir la chance de baptiser ma canne de traine avec un beau poisson tropical.
Nous mettons à l'eau nos trois leurres puis nous scrutons le ciel pour tenter d'apercevoir les oiseaux annonciateurs de bancs de poissons. Une heure plus tard, nous repérons les deux classiques oiseaux gris qui suivent en général les mahi-mahis (nous avons pris nos renseignements à l'avance !) et Pierre manoeuvre pour faire passer les leurres devant leur trajectoire. Dix minutes encore, puis les trois fils croisent enfin la route des oiseaux qui est aussi nous l'espérons celle des poissons.
Résultat immediat : le départ ! Le moulinet qui chante est celui de mon beau frère qui me l'a prété pour le voyage, il sera content. Je ferre et la bagarre commence. Aussitôt ,un saut vertical hors de l'eau me permet de voir fugitivement un beau mahi-mahi jaune et vert. Il est petit d'aprés ce que j'ai lu (environ 7-8 kgs) mais pour moi c'est gros car en général je pêche daurades, sars et soupe en méditterannée.
Je le raméne assez facilement à une quinzaine de mètres derrière le moteur et là il commence à aller de droite à gauche et finit par faire passer le fil sous l'embase.
Classique ! Impossible de récupérer la situation à cause des rushes encore puissants du poisson. Marie finit par prendre la barre et relève le moteur pendant que Pierre fait glisser le fil sous l'embase...
Ca y est ! c'est reparti ! cette fois je ramène notre prise sur babord mais il reprend du fil quand Pierre se penche pour le gaffer et cette fois il nous double ! Il est clair que nous manquons d'expérience et je sens que ça va finir par bien tourner... Pour le poisson.
Effectivement, le fil passe sous l'anneau de remorquage et casse, mon plus beau leurrre s'en va avec peut être ma seule chance de prendre un mahi-mahi cet été. Dégouté...
Une semaine plus tard heureusement une deuxiéme chance s'offre à moi toujours grâce à Pierre.
L'océan est nettement plus agité que l'autre fois mais à part ça même scenario avec Marie à la barre : les oiseaux, le départ, cette fois sur mon moulinet et les sauts hors de l'eau. C'est un mahi-mahi de la même taille que celui de la semaine dernière, il se laissera amener à bord plus facilement et de toutes façons nous sommes fermement décidés à ne plus refaire les mêmes erreurs.
Les mahi-mahi se déplaçant toujours par deux, nous essayerons de prendre le deuxième mais il se décrochera au ferrage. Tant pis.
Le retour sera particulièrement fatiguant car l'océan s'est bien levé et les vagues de travers sont impressionnantes. Je garderai la barre tout le long car il n'est plus possible de s'arréter ou de sortir du trou d'homme sans risquer de tomber ou de passer sous la vague.Une bonne heure à petite vitesse sur des montagnes russes et enfin le lagon ! C'est rare que je soit content de sortir d'un bateau.
Départ le matin.
Retour à midi