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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 19:15

 

Je discute parfois sur des blogs ou des chats de philosophie, de sociologie, de voyages… Dans de très nombreux cas les discours finissent par s’orienter vers la spiritualité, à tel point que si vous cherchez de la philosophie avec votre moteur de recherche préféré, vous allez irrémédiablement tomber sur des blogs religieux, new âges, traditionnels voire intégristes parfois. A voir ça, on croirait presque que la philo est exclusivement destinée à l’étude de questions spirituelles ou théologiques…

 

J’en suis venu à pondre un petit texte pour contrer certains arguments de ceux qui militent en faveur de l’existence d’un esprit supérieur, d’une spiritualité qui nous serait inaccessible (le genre : il y a des trucs qui nous dépassent, c’est forcément dans le monde des esprits –ou de l’esprit- que se trouve la solution).

Les trois arguments que je traite ici sont :

1) le sens de la vie (si il n’y a pas d’esprit supérieur, la vie n’a pas de sens, c’est impossible)

2) Les sentiments humains et la pensée réfléchie ne peuvent être apparus par hasard comme le pensent (raient !) les matérialistes.

3) Le sens moral propre à l’humain ne peut être apparu par hasard, il faut qu’il ait été dicté par un esprit supérieur.

 

 

060-stonehenge.jpg

 

 

 

Dans un premier temps, penser l’existence sous l’angle de son sens (le but de l’existence) est déjà un point de départ orienté.

En effet, si l’existence a un but, alors il est évident qu’il y a un créateur, un esprit supérieur qui a fixé ce but. Se demander “quel est le but de l’existence ?” et prétendre répondre à cette question en affirmant une existence divine est donc un sophisme car la question contient la réponse.

 

La vraie question serait plutôt : “pourquoi l’existence aurait-elle un but ?” et là deux réponses sont possibles :

 

1) parce qu'un esprit supérieur lui en a donné un.

 

2) il n’y a aucune raison pour que l’existence ait un but.

 

Le choix entre ces deux réponses est indécidable, puisqu’on ne peut prouver l’inexistence d’un esprit supérieur.... Du point de vue de la logique pure, ces deux propositions ont autant de chances d’être  vraies l’une que l’autre.

 

Un autre argument en faveur de l’existence d’un esprit supérieur consiste à dire que la pensée humaine et les sentiments ne peuvent être nés par hasard car trop complexes. On opposerait cela à une supposée vision matérialiste du monde…

Or, il se trouve que considérer que le hasard seul ne peut avoir donné lieu à l’existence de la pensée humaine (création, imagination, etc....) est quasiment une tautologie qui aboutit à une même indécision logique quant au sujet qui nous préoccupe :

Première proposition, Il est bien évident que ce n’est pas le hasard qui a construit la pensée, car la pensée correspond au stade ultime de l’évolution telle que nous la connaissons. Cette évolution, fruit de millions d’années depuis le protozoaire, n’est pas le fruit du hasard mais celui d’une adaptation de la vie au milieu naturel. Le milieu naturel, lui est le fruit du hasard confronté aux lois physiques, mais la vie s’y adapte par nature : les formes inadaptées disparaissent (des milliards depuis le début) les autres survivent et se “confortent” naturellement dans leur forme adaptée à cette survie. C’est de la logique pure encore une fois.

Maintenant, deuxième proposition, il est impossible de prouver que ce n’est pas un esprit supérieur qui a fait naitre la pensée....

 

Autre chose encore : prétendre que le jugement moral (conscience du bien et du mal) ne peut être né de lui-même dans l’esprit humain est aussi une question orientée qui contient en à priori la réponse que l’on veut lui donner (ouroboros !). Encore une fois les deux propositions indécidables pointent le bout de leur nez :

 

1) Un esprit supérieur à fait naitre les jugements moraux dans notre cerveau et on ne peut pas prouver le contraire

 

2) Le jugement moral correspond à une adaptation de l’espèce à son milieu naturel.

 

 

Cela va un peu plus loin, aussi : on ne peut être catégoriques quant à l’exclusivité de la possession du sens moral par l’humain car les bonobos par exemple sont tout à fait capables de montrer des signes d’empathie, de respect (ou non) de règles morales. Un vrai langage leur manque, mais ils peuvent en acquérir les rudiments. Il pourrait donc y avoir différents stades de l’évolution du sens moral qui ne serait par conséquent pas “apparu par magie” pour faire court, mais se serait plutôt constitué progressivement par une lente adaptation au milieu naturel.

De plus, le sens moral est à géométrie variable selon l’ethnie considérée et donc selon le milieu naturel, ce qui plaide pour une constitution évolutive en adaptation au milieu.

Au regard de ces trois items (la question du sens, la pensée, le sens moral) on se rend  compte que l’argument (il n’y en n’a qu’un) qui plaide pour l’explication spirituelle est toujours le même.

C’est un argument négatif : on ne peut pas prouver le contraire. Il existe à contrario pléthore d’arguments scientifiques détaillés pour contredire cette version (qui reste logiquement possible, je le redis).

Je conclurai en utilisant un proverbe : Quand tu entends un bruit de sabots, pense d’abord au cheval avant de penser au zèbre .... Pourquoi aller chercher une explication compliquée à justifier et improuvable alors que des tas d’arguments logiques permettent de chercher dans une direction plus évidente et logique ?

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commentaires

M
<br /> <br /> <br /> <br /> bisous givrés pour ce début<br /> d'an que je te souhaite 13 agréable, force joie et harmonie, la santé et bien sûr, l'amour, dont tout découle, compassion, bienveillance, discernement, altruisme etc...autant de bienfaits à<br /> partager pour oeuvrer à réaliser nos désirs formulés scientifiquement ou intuitivement (je note que tu as à nouveau discrètement transposé le débat "logique"/"intuition" à "science"/"intuition",<br /> la science relève de notre raisonnement et de notre logique à poser ce concept sur notre observation afin de transmettre l'observation, l'intuition et la logique existent naturellement, la<br /> science est une construction, un choix de méthode de transmission et d'observation... il y a  une logique dans l'intuition, et de l'intuition à la base de toute science, ô chat)...<br /> :o)<br />
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A
<br /> <br /> Si j'ai transposé quoi que ce soit, c'est à l'insu de mon plein grés...<br /> <br /> <br /> Je reprends en arrière, tu dis :<br /> <br /> <br /> "je repose le postulat: et si la fonction mentalisation du cerveau ne suffisait pas? s'il n'était pas le seul moyen de communication et de transmission de l'observation, la seule "vérification"<br /> possible de nos formulations...<br /> <br /> <br /> si la logique au sens où nous l'entendons aujourd'hui n'était que construction mentale ne nous permettant qu'une solution approchée... une forme de limite technologique propre à nos choix de<br /> paramétrage... une mauvaise optimisation de nos potentiels... "<br /> <br /> <br /> Sans transposer, je réponds :<br /> <br /> <br /> Si nos capacités de raisonnement ne permettent dans l'absolu qu'une approche de la vérité, alors nous ne connaitrons jamais de vérité et de ce fait, nous ne saurons jamais si l'intuition est une<br /> meilleure approche de la vérité....<br /> <br /> <br /> En ce sens, la question que tu poses ramène au point de départ de mon raisonnement : à partir du moment où l'on pose une question qui ne peut pas avoir de réponse indéniable, on peut postuler<br /> n'importe quelle réponse en étant certain de ne pas avoir tord.<br /> <br /> <br /> Il en va de même pour tout ce qui est surnaturel, "au delà du réél", divin, "savoirs" spirituels : ça ne coute rien d'affirmer ou de supputer quoi que ce soit, on ne pourra jamais être contredit<br /> formellement dans ces domaines....<br /> <br /> <br /> En gros, c'est un peu "facile", et je préfère penser au cheval avant de penser au zèbre.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> le hic c'est que la science est à son tour divinisée... posée en justification logique supérieure<br /> <br /> <br /> hors, la science n'est que la méthodologie de transmission de l'observation y compris de l'observation modélisée en expérience décidée.<br /> <br /> <br /> par définition ce qui est établi comme "vrai" n'est que constat, dont on modélisera la répétition ou pas, jusqu'à ce que des constats ou des modélisations viennent contredire ou modifier les<br /> constats transmis et tenus pour vrais jusque là...<br /> <br /> <br /> autant dire que cette logique adaptable dépend strictement de nos capacités d'observation, notamment par les avancées technologiques donc désormais,  comme des concepts "moralement" validés<br /> de méthodologie collectivement acceptée en milieu autorisé (donc interne aux dits "scientifiques")<br /> <br /> <br /> le chat se mord donc la queue<br /> <br /> <br /> conviction directe ou conviction scientifiquement soutenue? <br /> <br /> <br /> - dans un cas on a une forme d'intuition plus ou moins linguistiquement logique et rarement démontrable au sens scientifique du terme, autour du sens de la vie<br /> <br /> <br /> - et dans l'autre une forme de méthodologie fermement logique et linguistiquement exigeante mue par une intuition d'observation et la quête la plus évidente de la compréhension de la vie, de son<br /> origine de sa possible motivation donc...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> je repose le postulat: et si la fonction mentalisation du cerveau ne suffisait pas? s'il n'était pas le seul moyen de communication et de transmission de l'observation, la seule "vérification"<br /> possible de nos formulations...<br /> <br /> <br /> si la logique au sens où nous l'entendons aujourd'hui n'était que construction mentale ne nous permettant qu'une solution approchée... une forme de limite technologique propre à nos choix de<br /> paramétrage... une mauvaise optimisation de nos potentiels...<br /> <br /> <br /> ?<br /> <br /> <br /> la question se pose...<br /> <br /> <br /> alors, cerveau droit ou cerveau gauche?<br />
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A
<br /> <br /> La question se pose de la même façon que celle sens de la vie : si nos capacités de raisonnement ne permettent dans l'absolu qu'une approche de la vérité, alors nous ne connaitrons jamais de<br /> vérité et de ce fait, nous ne saurons jamais si l'intuition est une meilleure approche de la vérité....<br /> <br /> <br /> Toutefois, toutes les mesures, toutes les réalisations techniques que nous avons pu réaliser jusqu'à aujourd'hui tendraient plutôt à montrer que la logique, le raisonnement, "ça marche plutot<br /> bien". L'intuition spirituelle, quant à elle, n'a pas vraiment fourni de résultat probant observable... Alors comme je le disais, pourquoi s'interroger sur une possible vérité improuvable même si<br /> faisant partie du champ des possibles ?<br /> <br /> <br /> Je ne déifie pas la science, je la considère comme un modeste moyen d'acquisition de connaissances et de réalisation de découvertes.<br /> <br /> <br /> Toutes les suppositions que l'on peut faire hors la science n'ont que peu d'intérêt puisqu'elles sont condamnées à rester des suppositions. De plus leur nombre est infini (confondu avec le champ<br /> des possibles) car à partir du momment où on invente il n'y a aucune limite. Et aucune n'a plus de valeur que ses voisines puisqu'on ne peut ni les infirmer ni les confirmer... Je peux affirmer<br /> que la terre est un immense garde manger créé par une espéce extra terrestre qui prélève quelques centaines de corps et  végétaux divers pour se ravitailler lors de voyages<br /> intergalactiques.... Ça donne un sens possible à la vie et ce n'est ni plus ni moins probable qu'un dieu esprit infini éternel.... Et tout aussi impossible à infirmer comme à confirmer<br /> puisque j'ai dit n'importe quoi. Un n'importe quoi qui fait pourtant partie du champ des possibles au même titre que l'âme éternelle.<br /> <br /> <br /> La science se contente de peu : elle n'explique que l'explicable, qu'elle extrait à grand peine du champ des possibles. En ce sens, ce ne sera jamais un dieu.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> quel indicible bonheur de lire cela de ta "plume"on est fiers ! et tant pis pour ceux qui arrivent à s'épanouir dans une croyance<br />
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M
<br /> Toute cette réflexion un week end de décembre ? Ouh la la ! Que dire, que penser, que conclure ? Que tout ceci est très personnel et que les croyances tant qu'elles le restent (personnelles) sont<br /> surement nécessaire à l'épanouissment de certains et grand bien leur fasse.<br />
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